Belle du Seigneur, d'Albert Cohen

J'ai lu en un temps record ce livre dont j'entendais les mérites vantés sans y préter attention......Quelle bétise de ma part
C'est un monument de la littérature francophone et le meilleur livre que je n'ai jamais lu
Je suis passé par la palette de sentiments la plus riche de mon (jeune) parcours littéraire

L'histoire est celle d'une passion entre Solal, un jeune éphèbe, sous-secrétaire de la Société des Nations (nous sommes donc dans les années trentes) et Arianne,jeune femme solitaire et fantasque, qui n'est autre que l'épouse d'un collégue de travail de Solal (bien inférieur en position social).


La séduction est complexe, la femme ordinaire, l'amant torturé et clairvoyant, le mari est un pauvre bougre et sa famille, aaaaah sa famille; des petits bourgeois bien pensants qui ne pensent que par la position sociale et ne jurent que par le "grand monde" auquel ils n'apartiennent pas mais cela, ils semblent l'ignorer......

Que dire de cette oeuvre, d'une finesse et d'une complexité architecturale ? Cohen tisse peu à peu sa toile autour des portaits délicieusement profonds de personnages jubilatoires, d'une intrigue amoureuse exquise et autres régales pour le lecteur

C'est une passion détrite peu à peu par l'auteur qui la tourne au burlesque. Il désenchante un amour digne d'une parfaite tragédie classique pour en faire une farce grotesque ou les amants sont pris à leur propre piège dans leur désir de sublime et de passion eternelle. Emprisonnés dans leur comédie perpétuelle, les amants s'essouflent, s'épuisent, se déchirent et passent à coté de la vie, de l'amour vrai jugés par eux vulgaire et bas. Enfin surtout par elle, car quand la pauvre Arianne adultère s'echine a conserver la flamme dans des disques de Mozart et des relations intimes qu'elle nomme des Sacres, lui, Solal, se rend compte de leur drame, de leur pauvre existence solitaire de papier glacé.

Un livre merveilleux, un enchantement qui nous fait réfléchir sur les enjeux de la passion charnelle face à l'amour profond. A la fois tendre, grinçant, burlesque et dramatique je ne peux que vous le recommander, vous perdriez quelquechose sinon.

C'est un monument effectivement .

je l'ai lu il y a bien longtemps et j'en garde un souvenir très ambigu.

L'écriture est superbe, les personnages étonnants et foisonnants, mais cette passion destructrice, qui cherche à survivre malgré tout, et surtout contre le temps, m'a mise terriblement mal à l'aise.

J'ai tt simplement trouvé que c'était de "l'anti-amour", ou du moins une des descriptions les plus négative de ce sentiment, parmi tt ce que j'ai pû lire ds mon long parcours de lectrice.

C'est pour celà que je suis tjs surprise quand les gens citent cette oeuvre comme le plus beau roman d'amour qu'ils ont lu.

Il est ds ma bibliothèque, je me dis parfois que je devrais le relire..

Je me rappelle l'avoir lu quand j'étais au lycée. Je l'avais commencé dans la soirée et j'en ai lu une bonne partie de la nuit, alors que j'avais cours le lendemain, mais il m'était impossible de le lâcher. C'est un classique qu'il faut absolument lire!

Je vais peut être le lire. Il m'interesse bien!

Non, justement, ce n'est pas le pls beau roman d'amour que j'ai lu, c'est le pire, car il ne parle pas du vrai amour, de l'amour profond des couples qui durent....... il parle d'un amour condamné à l'echec car il est superficiel, basé sur l'apparence, sur les clichés publicitaires, sur le surjoué, sur le désir d'une perfection qui, à la longue, annulera tout amour possible dans la durée....
Les personnages en effet jugent vulgaires les amours des gens commes vous et moi, les amours du peuple qui les entourent de toutes part, et au fond, dans leur critique acérbée, on sent de l'envie, de la jalousie. Mais cet amour la, il n'y arriveront jamais, trop fiers et trop désireux de la soit disant perfection pour s'y laisser aller.
Ils ruinent leur (courte) vie à jouer une comédie et passe à coté du vrai bonheur.
L'auteur se moque de la passion, car celle ci est éphémère, et, qui se borne à vouloir la faire durer joue un jeu dangeureux, comme Arianne et Solal.
Ce livre m'a fait mépriser cette passion pour laquelle les gens soupirent sans savoir qu'elle est bien fade à coté de l'amour vrai et profond, de celui qui vaut la peine et qui nous autorise à étre profondemment nous même avec l'être aimé, sans peur de le dégouter ou de le choquer. L'amour de Arianne et Solal est une idéalisation de l'autre qui dés le début ne pouvait les rendre heureux.

Alors, je dirais que ce livre est tout compte fait un démentellement de la passion et, indirectement, un hymne à l'amour simple et vrai, celui qui fait défaut aux personnages...

Je trouve ta critique fort bien construite et très intéressante. Elle ouvre le débat sur l'amour (le vrai et le moins vrai) et donne réellement envie de lire le bouquin même si on comprends finalement que cette lecture ne met en avant qu'une façade du bonheur amoureux. Chapeau à toi pour ce commentaire instructif et constructif.

( Va falloir que je trouve du temps pour lire maintenant !)

Anabalina a écrit:

L'auteur se moque de la passion, car celle ci est éphémère, et, qui se borne à vouloir la faire durer joue un jeu dangeureux, comme Arianne et Solal.

Ce livre m'a fait mépriser cette passion pour laquelle les gens soupirent sans savoir qu'elle est bien fade à coté de l'amour vrai et profond, de celui qui vaut la peine et qui nous autorise à étre profondemment nous même avec l'être aimé, sans peur de le dégouter ou de le choquer. L'amour de Arianne et Solal est une idéalisation de l'autre qui dés le début ne pouvait les rendre heureux.

Alors, je dirais que ce livre est tout compte fait un démentellement de la passion et, indirectement, un hymne à l'amour simple et vrai, celui qui fait défaut aux personnages...

Je n'ai pas analysé l'oeuvre tt à fait de cette façon.

Pour moi l'auteur ne se moque pas de cette passion; il démontre simplement qu'à trop chercher un idéal hors norme, on perd de vue l'essentiel qui est notre humanité.

Solal et Arianne se veulent au dessus des contingences humaines, se voient comme des héros , voire des dieux symbole de l'Amour.

Et n'acceptent pas leur humanité, leurs faiblesses.

En fait ils évoluent ds une représentation perpétuelle et artificielle de leur passion, au risque de la figer et de se perdre en tant qu'être humain.