À travers les yeux d’Esther, le lecteur découvre le monde des gitans. Des hommes et femmes d’une autre culture, courageux, mais pauvres, sales, analphabètes, rejétés par la société, vivant de petits vols, des maris parfois saouls, infidèles, des femmes fortes, des mères aimantes. Esther, “la gadjé”, ne pose pas de question, ne juge pas. Peu à peu, elle réussit à se faire accepter par les gitans, un lien se crée. À vrai dire, j’aurais aimé en savoir plus sur elle et comprendre ses motivations, car elle ne s’implique pas autant que je l’aurais pensé. Certes, elle leur fait la lecture tous les mercredis, se bat même pour qu’un des enfants aille à l’école, mais par exemple ne leur propose jamais à manger ou bien des vêtements. Difficile donc de cerner ses intentions.
Etant moi-même bibliothécaire, ce qui m’a le plus émue, c’est de voir à quel point ces enfants sont fascinés par l’univers magique des livres. Esther leur communique le plaisir de lire. Ces quelques heures de lecture leur font oublier le quotidien, les emporte dans un autre monde.
Le titre prend tout son sens à la lecture du roman. En effet, le dénuement des gitans (manque d’eau, de nourriture, de chaleur, de vêtements, misère, enfants non scolarisés, analphabétisation) n’empêche pas leur grâce : ce sont avant tout des êtres humains avec des joies, des peines, des valeurs. Ils sont fiers, généreux, dotés d’un caractère fort et d’un optimisme à tout épreuve.
Sans tomber dans le pathos, avec des mots simples, beaucoup de réalisme et de justesse, l’auteur arrive à nous toucher. Une belle leçon de tolérance et d’acceptation de l’autre.
Grâce et dénuement, un titre magnifique pour un livre touchant.