Je pensais avoir déjà croisé un post sur ce livre, mais visiblement je me suis trompée...
Les parents de Ludlow Finch décident de vendre ses dents pour se payer une bouteille de gin. Effrayé, le jeune garçon préfère s'enfuir. Son voyage le conduit jusqu'à un village, où tous les habitants vivent dans la peur du propriétaire des lieux. Un mystérieux usurier du nom de Joe Zabbidou propose à Ludlow de l'héberger. Le garçon accepte mais il est loin de s'imaginer le secret que cache Joe. Voici l'incroyable histoire d'un jeune pickpocket en fuite et d'un mystérieux prêteur sur gages, qui achète les plus noirs secrets des villageois... à minuit.Extrait du livre :
Extrait des mémoires de Ludlow Fitch
Quand j'ouvris les yeux, je compris que ce que j'avais vécu de pire au cours de ma misérable existence n'était rien à côté de ce qui m'attendait. J'étais couché sur le sol glacé en terre battue d'une cave, éclairée par une unique bougie dont la flamme vacillante annonçait la fin prochaine. Des instruments de chirurgie pendaient à des crochets plantés dans les poutres. Sur le sol, des taches noirâtres me firent penser à des traces de sang. Mais c'est surtout le fauteuil, placé le long du mur opposé, qui confirma mes craintes. D'épaisses lanières de cuir, fixées à ses bras et à ses pieds, n'étaient là que dans un seul dessein, évident : maintenir le patient récalcitrant. M'man et P'pa se tenaient debout au-dessus de moi.
- L'est réveillé, glissa M'man avec une lueur d'excitation.
P'pa me força à me lever. De sa poigne de fer, il me tordit le bras dans le dos. M'man m'agrippa par les cheveux. Je les regardai l'un après l'autre. Un grand sourire éclairait leur visage, à quelques centimètres du mien. Je compris que je ne devrais pas compter sur eux pour me faire grâce.
Un autre homme, jusqu'alors dissimulé dans l'ombre, s'avança et me saisit par le menton. Il m'obligea à ouvrir la bouche et fit courir sur mes gencives un doigt noir de crasse, au goût infect.
- Combien ? demanda P'pa. L'espoir se lisait sur son visage cupide.
- Pas mal, répondit l'homme. Trois pennies chaque. Je dirais une douzaine pour l'ensemble.
- Ça marche. De toute façon, qui a besoin de dents ?
- Quelqu'un, j'espère, ironisa l'homme. Faut que je les vende si je veux en vivre.
Et ils éclatèrent de rire tous les trois, M'man, P'pa et Barton Gumbroot, le célèbre chirurgien-dentiste d'Old Goat Alley.