syringis Langue pendue
Nombre de messages : 165 Localisation : Charleroi, Belgique Date d'inscription : 18/03/2005
| Sujet: un homme heureux Arto Paasilina Dim 22 Jan 2006 - 16:36 | |
| J'ai beaucoup aimé . C'est simple : je l'ai lu d'une traite - Citation :
- son neuvième roman traduit en français,
l’ouvrier-poète-journaliste-écrivain finlandais,Arto Paasilina, concocte un mélange efficace et humoristique de pittoresque, d’incongru et de satirique.
Un responsable de chantier soucieux du sort de ses ouvriers au point de les inciter à prendre des pauses dès leur premier jour de travail ou à s’investir personnellement pour leur éviter des ennuis financiers : trop beau pour être vrai ? Trop louche en tout cas aux yeux des notables de Kuusmäki, calme et paisible bourgade de Finlande. L’homme par qui le changement arrive n’a pourtant rien d’un révolutionnaire au sens politique du terme. C’est à l’ingénieur qualifié des Ponts et Chaussées qu’il a été fait appel, et non à un prétendu réformateur social ou moral. Mais voilà. Une seule fois par le passé le calme de Kuusmäki a été rompu : en 1918, un sanglant affrontement a opposé rouges et blancs, au-dessus de la rivière, depuis lors rebaptisée la Tuerie. Et c’est justement le pont qui la surplombe que l’ingénieur Jaatinen est chargé de rénover. Dans une région où l’influence communiste demeure sensible, bien que taboue (le roman a été écrit en 1976,ndlr), l’amorce d’un conflit sur les lieux mêmes de ce douloureux passé agit comme un révélateur des tensions et des conventions sociales.
Rien à redire objectivement aux compétences de l’expert Jaatinen. Grâce à ses méthodes modernes et les relations saines qu’il a établies avec l’équipe ouvrière, les travaux vont bon train. Au grand dam de l’élite locale, les bons vieux clivages sociaux, l’inertie bureaucratique et la mollesse des notables se trouvent donc ébranlées par la simple venue d’un homme extérieur à leur village, aux mœurs quelque peu libérales qui plus est. « Ils sont comme ça. Il ne leur en faut pas beaucoup, ils détestent de toute façon tous les nouveaux venus » et tout changement susceptible de bouleverser leur confortable routine. Voilà donc l’occasion rêvée pour ces « hauts » fonctionnaires, habitués du Rotary Club et fidèles des bancs de l’église de s’unir face au soit-disant péril que représenterait l’intrus perturbateur de leur douce inertie. Réelle crainte, jalousie ou subite prise de conscience de l’ennui profond et larvé qui rythme leurs journées ? Quoi qu’il en soit ces hommes semblent trop heureux d’avoir trouvé une occupation et un bouc-émissaire. Retrouvant ainsi un sens à leur vie, ils déploient des trésors de machiavélisme pour l’inciter à prendre la fuite au point de s’immiscer dans sa vie privée. Mais qui sème le vent récolte la tempête. Fort de son bon droit, Jaatinen s’évertue à donner raison à cet adage. Pas à pas, il échafaude une vengeance qui n’épargnera aucun des comploteurs hypocrites et lui ouvrira finalement les portes de la gloire.
Au fil d’un récit qu’il agrémente de rebondissements fructueux à chaque chapitre, Paasilina oscille entre fable un tantinet idéaliste, mais faussement naïve, et satire mordante des classes sociales dites supérieures, en réalité rétrogrades et frustrées. Surtout, moquant une dernière fois la versatilité de la foule qui en vient à aduler Jaatinen après l’avoir tant stigmatisé, il formule un bel éloge de la persévérance, qui finit par porter ses fruits. Paasilina a incontestablement de la suite dans les idées. En témoigne une brève allusion au lièvre de Vatanen, titre de l’un de ses précédents romans, qui lui permet un clin d’œil au lecteur fidèle, mais qui signale également qu’un véritable fil conducteur anime son œuvre : la vie prend tout son sens hors des sentiers battus et pour rien au monde l’authenticité et la sincérité ne doivent le céder au poids des conventions, destructrices de créativité.
Un homme heureux donc au final, mais pas naïf ni béat. Si le bonheur n’est pas une donnée, il se construit et est à la portée de quiconque s’en donne les moyens. Ignorez donc les pessimistes selon qui le bonheur des uns ferait le malheur des autres. Il semblerait au contraire qu’il soit extrêmement contagieux. À défaut d’un monde parfait, l’on aurait au moins des hommes heureux. Beau message d’espoir et de solidarité dans un monde dominés par les individualismes.
Laurence Bourgeon | |
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laura Langue pendue
Nombre de messages : 8018 Age : 51 Localisation : Région Parisienne YVELINES Date d'inscription : 16/03/2005
| Sujet: Re: un homme heureux Arto Paasilina Lun 23 Jan 2006 - 11:11 | |
| je note car j'avais lu de cet auteur "petits suicides entre amis" et j'avais beaucoup aimé ! | |
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Kscades Rang: Administrateur
Nombre de messages : 4322 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 17/02/2005
| Sujet: Re: un homme heureux Arto Paasilina Lun 23 Jan 2006 - 14:55 | |
| Ahhhhhh Laura. je me demandais d'où j'avais cette sensation de déjà connaître l'auteur. Et bien voilà, tu m'as donné la réponse. | |
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syringis Langue pendue
Nombre de messages : 165 Localisation : Charleroi, Belgique Date d'inscription : 18/03/2005
| Sujet: Re: un homme heureux Arto Paasilina Lun 23 Jan 2006 - 17:41 | |
| J'avais repéré "petits suicides entre amis" mais je ne sais plus où Puis ça m'est sorti de la tête. Ca m'est revenu quand j'ai jeté un coup d'oeil sur ses autres ouvrages. Y'a-t'il un post sur "petits suicides entre amis" ? | |
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laura Langue pendue
Nombre de messages : 8018 Age : 51 Localisation : Région Parisienne YVELINES Date d'inscription : 16/03/2005
| Sujet: Re: un homme heureux Arto Paasilina Lun 23 Jan 2006 - 17:45 | |
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| Sujet: Re: un homme heureux Arto Paasilina | |
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